la bouteille à l'encre n° 10
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LETTRE
D'INFORMATION A TIRAGE
OBSTINEMENT IRREGULIER,
DIFFUSION MOINS
CONFIDENTIELLE QU'AVANT
ET MECONTENTEMENTS
TOUJOURS AUSSI MULTIPLES,
DESTINEE AUX
QUELQUES DIRECTRICES
ET DIRECTEURS
D'ECOLE DE CE
PAYS ENVISAGEANT
OU NON
DE DEMISSIONNER SOUS PEU ...
N°
10
Diffusée
à 2834 écoles
sur 34 départements et 2
pays
____________________________________________________________
ATTENTION,
VIRUS !!!
L'encre
de "LA
BOUTEILLE"
s'est quelque peu frelatée ces temps-ci. Les virus informatiques ont ceci de
commun avec la pédiculose: on a beau s'en prévenir et y faire attention, pas
grand chose n'empêche ces vilaines bêtes de se propager.
Ainsi
ai-je attrapé, et refilé par là-même sur deux à trois départements, le
virus VBS.Tam.A.
Je
tiens à disposition des collègues contaminés le mode d'emploi pour s'en débarrasser.
Il se trouve sur le site suivant
http://afg-2000.org/manuel_internet/tam.html
Triple
moralité:
*
quitte à faire des messages plus longs, évitez, si possible, les pièces
jointes à vos courriers
*
je vérifierai systématiquement mes messages avant envoi
*
renseignez vous sur votre logiciel anti-virus. Ils ne sont pas tous très
opérants. A preuve, le mien ...
Avec
toutes mes excuses...
Au
passage, si, en raison de ce virus, vous n'avez pas reçu le n° 9, ou si vous
n'avez pas pu le lire, signalez le moi afin que je vous le fasse parvenir.
_________________________________________________________________
ON
NOUS ECRIT
Le
problème des directeurs, c'est aussi la déresponsabilisation des collègues (
"tu l'fais , t'es payé pour ça et en plus t'es déchargé !!" ),
l'ouverture des parapluies de nos supérieurs ( "le port des casques pour
l'activité ski est vivement conseillé", ni interdit ni obligatoire) et
l'attitude des municipalités qui ne fonctionnent pas avec des démarches de
projets ( "voilà pour cette année, nous ne nous engageons pas pour la
suite" ).
Je crois qu'il faut élargir la réflexion à l'ensemble de la profession. Les collègues aussi ont intérêt à ce que les rôles et statuts de chacun soient redéfinis. Si par hasard on avait des témoignages d'élus à propos de ce qu'ils attendent d'un directeur et comment ils considèrent leur travail avec ces représentants de l'Éducation Nationale que nous sommes.
Que chacun sache ce qu'il a à faire, voilà qui résoudrait bien des problèmes.
EON Raphaël
Bouteille
à la mer dans la bouteille à l’encre…
d’un
directeur actuellement en retrait (sans le « e »)
Ce
qui me paraît fort intéressant dans « La bouteille à l’encre »,
c’est de constater qu’il y a des similitudes dans nos différences, des
convergences dans nos conceptions quelque peu divergentes de la fonction de
directeur ou directrice, et de ce que l’on veut en faire. Quel que soit le
contexte : ruraux ou citadins, classe unique ou école usine, la première
impression qui se dégage de nos témoignages est bien un sentiment de solitude,
celui d’être seul à essayer de faire tenir un équilibre qui ne tient plus,
avec un fort sentiment d’impuissance. L’impression d’être au charbon, à
la corne tous les jours et de ne pouvoir empêcher que l’école telle qu’on
l’aurait voulue s’éloigne inexorablement…
Comme
après avoir vu le film « Ca commence aujourd’hui » de Bertrand
Tavernier, la lecture de « la bouteille à l’encre », de vos expériences
et de vos réflexions …me fait du bien…
Alors,
voici mon avis sur le sujet, illustré de mes expériences dans la fonction de
directeur et présentées sous une forme volontairement contestataire… expérience
oblige…
1.
J’accuse les lois de décentralisation d’avoir lâché l’école républicaine
dans la nature, d’avoir laissé tous pouvoirs aux maires (hobereaux, excités
du bocage, démocrates chrétiens, FN et autres bienfaiteurs de la république)
pour localement saigner et condamner l’école publique. Ils ont pu :
·
Refuser
d’en ouvrir (ex : Andrezé, 49, en 1987, j’y étais)
·
Tout
faire pour en fermer (nombreux cas dans le Grand Ouest, j’ai des noms…)
·
Emm…
au quotidien les directeurs (ex : ma commune et autour…)
2.
J’accuse les lois existantes d’être trop floues en ne fixant pas de
cadre clair, par exemple… un RMI (Revenu Minimum d’Instruction) … Comment
parler d’un côté d’égalité des chances et de l’autre accepter que les
crédits alloués par élève puissent varier de moins de 100F à près de 5000F ?
Pour ma part, j’organise depuis des années des classes de neige, autogérées,
avec 0 F par enfant de la part de la municipalité…
3.
J’accuse l’éducation nationale et le préfet de ne pas vérifier que
ces lois soient appliquées. Il y a des moments où je me dis que l’on devrait
avoir le code des communes sous la main. Par exemple l’article 412-127 relatif
aux ATSEM. Nous en avons deux pour trois classes maternelles, employées comme
« agent d’entretien » et donc jamais remplacées en cas
d’absence. Pire, dans la commune voisine ce sont les parents qui embauchent
l’ATSEM…
Qui d’entre nous peut aujourd’hui se moquer de la sécurité et de
l’hygiène dans son école ? Pour ma part, après avoir signalé trois
installations défectueuses ou hors
norme, j’ai été le témoin (passif ?) de trois accidents consécutifs
à une absence de remise en état ou aux normes
(AFNOR)
des susdites installations : plafond qui s’écroule à la sortie des
maternelles, poignet cassé en chutant de la structure de jeu sur un sol devenu
« béton », etc... Ne pouvant donc accueillir les élèves dans des
conditions de sécurité et
d’hygiène satisfaisantes, je viens de faire valoir mon « droit de
retrait » de la fonction de directeur… une première, il paraît… je
n’en suis pas fier pour autant. Si ça vous intéresse : Décret n°95-680
du 9 mai 1995.
4.
J’accuse les ministres, tout en maintenant le cap de la réduction des
dépenses publiques, de nous amuser avec des bonnes intentions et des réformes,
sans nous donner les moyens et le pouvoir de les appliquer vraiment:
·
Qu’ils
sont bons de se pencher sur la journée de l’enfant et le temps périscolaire
alors que rien ne contraint les maires à faire quoi que ce soit, même pas une
cantine. Lorsque je suis arrivé dans mon école en 93, j’ai mis en place une
garderie et une étude… ce sont encore aujourd’hui, les parents d’élèves
qui les gèrent ! En 97/98, avec eux, l’équipe d’instits, les collègues
alentours et l’IEN, j’ai mené un (dur) combat pour sauver la cantine dans
l’école, une bonne vieille cantine familiale, pas chère… gérée par les
parents, bien sûr… Banderoles, manifs dans le village, blocage de carrefours,
médiatisation locale et nationale (le 13h00 de TF1, F3 Pays de Loire, Libé. ,
RTL, etc.) …le paquet quoi ! Bilan : not’bon maire a porté
plainte contre le président des parents et contre moi, il
a pris des engagements en préfecture (devant l’IA et le préfet et
nous ) qu’il n’a pas tenus… la cantinière a été licenciée, le
restaurant municipal s’est installé loin de l’école, le repas est plus
cher et moins bon… bien sûr le préfet a fermé les yeux, le calme était
revenu.
Ah ! le périscolaire quand on s’en mêle !…
·
Qu’ils
sont généreux d’inciter les directeurs à se lancer dans des projets, sans
les suivre vraiment ou carrément en leur compliquant la tâche.
ü
Notre
équipe est engagée dans un projet « Coménius » doté de fonds
européens conséquents, la première année, notre mammouth nous a fait
attendre jusqu’à fin octobre pour nous donner le feu vert et nous a demandé
les factures… sous quinze jours, ( !). Ce, pour financer nos frais de
communication, reprographie, voyages… jusqu’en juin suivant…cohérent non ?
A ce propos, il faudra bien admettre un jour qu’il puisse y avoir 1F dans le
tiroir de bureau du directeur sans que cela soit un délit.
ü
Nous
sommes école pilote en informatique, mais sans aide-éducateur, c’est dur
d’assurer. Là aussi, les moyens financiers, quand on les trouve, ne suffisent
pas s’il n’y a pas de temps dégagé. Sans moyens supplémentaires, on court
après les projets sans jamais réellement les faire aboutir. Partagé entre le
travail d’enseignant, la direction, l’animation et la maintenance
informatique, la « chasse » aux projets intéressants et le suivi de
ceux-ci, etc. honnêtement, j’ai vraiment le sentiment de ne rien faire sérieusement.
Bon,
volontairement, j’arrête pour vous laisser de la place dans la bouteille…
j’en ai tellement à dire…mais pas forcément le temps pour le faire. Après
demain, le car pour partir en classe de neige sera à la porte de l’école,
mon autorisation de départ toujours pas au courrier… classique, qui d’entre
nous s’en étonnera? Entre le mammouth et nous, il y a une différence
d’appréciation des délais… pour ne parler que d’eux…ici.
Pour
conclure, je dirai qu’il faudra bien un jour nous donner plus de liberté
d’agir, cela passera par des pouvoirs renforcés et une limitation de la mise
sous tutelle des élus locaux. Pas des pouvoirs de maîtres directeurs :
j’étais à Paris en 87, et y serais encore s’il fallait que mon boulot
consiste à jouer les petits chefs auprès de mes collègues, mais simplement,
ceux de financer plus « souplement » nos projets, d’avoir du temps
et de réunir les moyens humains pour faire du travail sérieux. De pouvoir
constater que, dans chaque école, les moyens (légaux) sont vraiment mis à
disposition. Qu’un « RMI » est garanti. Que peut-être le Conseil
d’Ecole a un quelconque pouvoir autre que consultatif…
Grâce
à vos témoignages, je m’aperçois que des galères locales peuvent exister
ailleurs … merci.
Philippe
Blondy, Ecole Publique de Bécon-les-Granits (49), 7 classes. (pour le
« publique »ça se discute) philippe.blondy@wanadoo.fr
Bonjour,
Tout
d'abord, bravo pour cette bouteille à l'encre, c'est vraiment, bien, on se sent
moins seul....
Je
m'appelle Nathalie, je suis directrice à titre définitif depuis
septembre, c'est à dire que j'ai bien dit tout ce qu'ils voulaient entendre
pendant l'entretien à la liste d'aptitude.... Pendant deux ans, j'ai fait
"fonction de"" dans une école à 5 classes à 45 km de chez
moi... Je n'avais pas de décharge, mais des collègues supers qui m'ont
beaucoup aidée, qui m'ont laissé la classe la moins chargée, ce qui fait que
la direction et mon travail de classe ne m'ont pas vraiment pesé les deux premières
années.
Puis,
j'ai eu le malheur de faire 2 voeux pour le mouvement, histoire de tenter ma
chance au bord de la mer... Et paf, j'ai eu mon premier voeu... Malheur à moi!
Me voilà dans une ville PRO-PRIVE à mort... Comme on n'y arrive qu'à
l'ancienneté (merci les syndicats...), tous mes adjoints sont au bord de la
retraite. Il n'y en a qu'une de dynamique qui me donne encore envie d'entrer en
classe le matin.
En
plus, j'ai été nommée sur une école à 5 classes, et nous en avons fermé
une à la rentrée. Ce qui fait que:
-
Je me retrouve avec double niveau à 26 élèves (merci aux trois enfants
qui ont quitté l'école, grâce à eux, je tiens...)
-
Avec plus de boulot
-
Moins de temps pour le faire
-
Encore moins d'argent qu'avant...
Je
trouve que j'ai été conne de signer leur papier, là.... Et du coup, je suis démotivée
totale. Je n'attends qu'une chose, LE MOUVEMENT !!!!
Je survis, quoi... En grève administrative, j'ai décidé de ne plus me
prendre la tête, et de ne pas sacrifier mon couple sur l'autel de l' E.N.
Passer
adjointe? Quel beau rêve... Pour me retrouver au fond de mon département, à
1h 30 de petites routes, merci, sans façon! Je vais pas me tuer pour l'E.N...
ALors, j'assure la direction jusqu'à avoir assez d'anciennteté pour me barrer
sans me retrouver dans le trou de balle du département....Je vise une école à
6 classes, histoire d'avoir une chance d'obtenir une petite décharge... Ben
oui, quoi, on survit comme on peut...Allez, il n'est que 7h30, mais j'ai déjà
plein de travail... Y' a conseil d'école, ce soir....
Merci
de m'avoir laissé vider mon sac...Courage, collègues.
Nathalie
- Directrice d'école dans le Morbihan
Chers
collègues,
Je ne peux que souscrire sans réserve au souhait qui émerge des différents
emails, la reconnaissance du rôle et des fonctions de directeur d'école à
travers un statut!
Et seuls les crétins de tous poils peuvent s'imaginer que des éducateurs, des
pédagogues, auraient dans l'idée de se transformer en "petits chefs"
!!!
Ce
n'est pas parce que nous ferons partie d'un corps de direction, et que nos écoles
seront des établissements, que nous serons des "supérieurs". Et
quand bien même, quelle est la crainte?
Nous
les enseignants, avons-nous tant de choses à cacher, pour ne tolérer que l'I.E.N.
seul supérieur hierarchique, à plusieurs kilomètres de distance de nos écoles
dans la plupart des cas ?
Moi je n'ai rien à cacher, rien à prouver, et je ne donne de leçons à
personne, et vous? ...
JM ANDREANI Directeur d'école à 10 classes Folelli 20 B.
FOLCASINCA@mic.fr
_________________________________________________________________________________
SIGNATURE
OU PAS ???
Il
m'arrive de recevoir des messages en réponse à telle ou telle contribution précise.
Je les fais passer à leur destinataire, sans problème. Pourtant, rien n'oblige
à passer par "LA
BOUTEILLE" pour
s'écrire...
Il
vous suffit pour cela, si vous voulez recevoir directement d'éventuelles réponses,
d'adjoindre à votre signature (indispensable), votre adresse email.
J'AI
DES IDEES
Pour
un statut de la direction d'école
pour
un statut d'établissement public du 1° degré
LE
G.D.I.D.
(Groupement
de Défense des Intérêts des Directeurs)
Pour
nous rejoindre....
par
courrier Il
vous suffit de remplir le bulletin ci-dessous et de le retourner à
Ecole
primaire de La Barasse, Bd Lucien Margaillan, 13011 Marseille
par
email En
me renvoyant les mêmes indications sur un message adressé à thierryfabre@worldonline.fr
_______________________________________________________________________
G.D.I.D.
/ BULLETIN D'ADHESION
Nom:
................................
Prénom:
...................................................
Adresse:............................................................................................................
Code
Postal:
.......................
Ville: ..................................
Ecole
( Nom et Adresse):
...........................................................................................
q
Directrice
/ Directeur en exercice, y compris
les collègues adjoints faisant fonction
q
Directrice
/ Directeur retraité
q
Adjoint
ayant fait fonction pendant au moins un an
Facultatifs,
mais bien utiles: tél. , fax , email :
......................................................
SI
ON N'EST PAS UN DE PLUS, ON SERA PAS UN DE MOINS...
Précision
indispensable:
Cette
association, dont nous vous avons parlé dans le n° 9, n'est en rien réservée
au seules Bouches-du-Rhône ou à notre riante cité phocéenne.
Six
jours après son faire-part, elle regroupe déjà des adhérents dans 6 départements...
Il n'est pas bon bec que de Marseille. Et par chez vous ?
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